Bonjour Martin, en tant qu'ancien président, peux-tu nous parler de l'ADELEPI ?
J’ai connu l’ADELEPI en rencontrant Mathieu DESRUMAUX durant mon Master 2. A l’époque, j’étais preneur de retours d’expérience d’anciens de la formation, puisque il était évident qu’à son issue, il me fallait me positionner sur le marché du travail. L’association me semblait être une passerelle majeure permettant la transition étudiant-professionnel.
En tant que président de l’association ayant succédé à Mathieu, j’ai voulu pérenniser et renforcer cet aspect des choses, en refondant le site internet, qui a évolué depuis lors.
J’ai également été à la rencontre des nouvelles promotions du Master 2 afin de leur faire part des opportunités de l’association en termes de réseau professionnel.
A mon sens, le fondement même de l’association est de regrouper des personnes ayant des intérêts convergents et décidant de s’entre-aider. Dans le cas d’une association d’anciens élèves, son rôle est d’assurer un lien entre les professionnels s’étant déployés sur le marché du travail et les étudiants l’intégrant prochainement.
Il me semble qu’il existe un partenariat gagnant-gagnant, les uns évitant les difficultés qu’ont dû surmonter les anciens et les autres ayant accès à un vivier de juristes juniors dynamique pouvant soit intégrer les effectifs de leur entreprise, soit remettre en cause la routine professionnelle à laquelle on est inévitablement confronté.
Quels souvenirs gardes-tu du Master 2 PI de Lille 2 ?
L’année de Master 2 m’a marqué à deux titres :
- L’obligation de trouver un stage en alternance, une vraie chance dans le milieu universitaire juridique. Il s’agit du premier pas de l’étudiant dans l’univers professionnel juridique. Bien sûr, les étudiants peuvent avoir effectué d’autres stages enrichissants durant leur scolarité, mais ce dernier fixe de manière plus prégnante l’orientation professionnelle de l’étudiant. Pour ma part, je l’ai effectué en cabinet d’avocat et en start up travaillant dans le domaine de l’informatique. Les deux expériences m’ont permis de voir le droit de la PI de manière extrêmement différentiée.
- Contrairement aux autres années universitaires, celle du Master 2 responsabilise beaucoup plus les étudiants. Le discours global des enseignants consiste justement à sensibiliser les étudiants sur leur avenir professionnel et se montre disponible pour répondre à leurs questions.
Quels seraient les conseils que tu donnerais à la promotion actuelle et aux promotions suivantes ?
Soyez audacieux et curieux. Dépassez les frontières. N’hésitez pas à contacter les professionnels, notamment sur les salons ouverts au public. L’ouverture d’esprit est souvent bien accueillie. N’ayez pas peur du refus ou du rejet, ce ne sont pas des échecs.
Quel est ton parcours ?
Après le Master 2, j’ai passé un concours du CNRS, qui recrutait un chargé d’affaire travaillant sur les questions de copropriété de brevets. J’y ai découvert le monde bouillonnant de la recherche publique et ses problématiques juridiques multiples et y travaille depuis maintenant 5 ans.
Quel est ton poste actuel ?
Je travaille aujourd’hui à la direction des affaires juridiques du CNRS. Si ma thématique principale reste le droit de la propriété intellectuelle, cette discipline est souvent rattachée à un certain nombre de problématiques juridiques extrêmement variées nécessitant d’apprendre tous les jours et de s’adapter.
En quoi consiste ton métier ? Quelles sont les missions de ton poste actuel ?
En tant que juriste au siège du CNRS, je dispose d’une vision privilégiée sur l’ensemble des problématiques juridiques d’un établissement public de recherche pratiquant des recherches dans un très grand nombre de disciplines.
La trame de fond de mon activité est celle de la valorisation des résultats de la recherche, ce qui consiste à imbriquer une dimension économique dans la recherche publique.
Au quotidien, je m’occupe des contentieux et précontentieux touchant de près ou de loin à la propriété intellectuelle (contrefaçon de brevets, responsabilité contractuelle, intéressement des chercheurs, …), je négocie également les accords-cadres de l’établissement avec les grands comptes industriels et répond aux sollicitations de mes collègues en matière de partenariat. En terme opérationnel, je dois servir d’expert juridique et d’interface entre différents acteurs (chercheurs et opérationnels administratifs par exemple).
Depuis quelques années, il devient nécessaire de disposer de compétences larges en droit car un dossier ne peut se contenter d’être traité sous l’angle d’une seule discipline juridique. Je suis donc conduit à traiter du droit des affaires en général, du droit des société au vu de la constitutions de sociétés de droit privé desquelles le CNRS devient actionnaire, du droit de la concurrence (aides d’Etat) ou du droit public (commande publique).
Au-delà, ce sont également des compétences d’économiste, capable de cerner les enjeux financiers d’un dossier, qui sont requises.
Aujourd’hui, on constate une nécessité pour le juriste de disposer d’un éventail toujours plus large de compétences, d’une grande ouverture d’esprit et d’une capacité à identifier un problème juridique qui ne se trouve pas dans son champ habituel de compétence ou à faire des rapprochements entre les raisonnements juridiques de différentes disciplines.